samedi 31 octobre 2009

Ecologie politique : changer le logiciel




Les coups de gueules répétés de Daniel Cohn-Bendit à l'égard des Verts témoignent de la difficulté de changer de logiciel. Le succès de l'Europe écologie aux élections européennes n'est pas le succès des Verts ; il traduit l'espoir porté par Dany Cohn-Bendit de sortir l'écologie politique de l'ornière dans laquelle elle se trouvait en ouvrant les portes vers les non-verts principalement représentés par l'arrivée de quelques responsables associatifs et d’Eva Joly.

La bataille qui se joue aujourd'hui est celle de transformer cette alliance de circonstance en une nouvelle forme d'action politique dans laquelle d'autres partis politiques que les Verts pourraient trouver leur place. C'est précisément ce que les Verts refusent considérant qu'ils doivent être la seule force organisée au sein du mouvement en formation et par voie de conséquence décider du sort de tous les autres.

Il va de soi qu'une telle attitude est inacceptable sur la forme comme sur le fond. L'union de tous les écologistes et au-delà de tous ceux qui considèrent que la question de la soutenabilité est la question première qui commande toutes les autres, passe évidemment par une organisation qui respecte tous les participants, faute de quoi Europe écologie se réduira comme une peau de chagrin aux seuls verts et quelques assimilés, qui ne répondront évidemment pas l'immense espoir suscité par les Européennes.

Mais, il ne s'agit pas seulement de la forme ; il s'agit également du fonds. Les Verts, en particulier français, portent une idéologie très marquée à l'extrême gauche, même si le secrétariat général actuel ouvre davantage. Or, la construction d’Europe Ecologie et plus généralement d'un grand mouvement d'écologie politique passe par une synthèse des différentes réponses que les écologistes proposent à l'analyse commune qu'ils font de la situation actuelle. La fermeture , voire le sectarisme dont certains Verts font preuve rend impossible cette réflexion pourtant indispensable.

Si ce comportement persistait, il rendrait inévitable le maintien du morcellement actuel et les tentatives, difficiles, de transformer des partis traditionnels en partis effectivement porteurs de développement soutenable.

Le sujet est d’autant plus fondamental que le sujet de la démocratie et des libertés va s’avérer comme le partenaire incontournable du débat écologique. Comment en effet, dans le monde très largement non démocratique et où, dans les démocraties, les tentations autoritaires et de surveillance sont de plus en plus grandes (ce qui n'empêche évidemment pas les mêmes qui veulent plus de surveillance de se battre pour la dérégulation) trouver la voie d'une gouvernance démocratique d'une répartition plus équitable ? Les ponts entre démocratie et écologie doivent plus que jamais être lancés. La biodiversité politique est nécessaire aussi en écologie politique.

La question du libéralisme économique, de la régulation, de la décentralisation économique et énergétique, de la liberté de circulation de l'information sont des sujets essentiels dans les solutions qui peuvent être mises en place pour répondre aux défis écologiques.

Pour toutes ces raisons, il est plus que souhaitable que le discours raisonnable Daniel Cohn-Bendit soit entendu des Verts.

En attendant, il semble qu’une belle occasion de créer une force capable de dynamiser et d’innover soit en passe d’être perdue.

Corinne Lepage

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