La polémique sur le tracé de la première ligne du tramway est un des points de fixation de cette campagne municipale. Faut il le faire passer par le centre ville (place Molière, rue de la Roë, place du Ralliement, rue d'Alsace) comme le propose la liste conduite par Jean-Claude Antonini validant ainsi la décision de l'ensemble de l'agglomération, ou bien par les grands boulevards (boulevards Ayrault et Carnot) et devant le centre des congrès selon la version évoquée par liste conduite par Christophe Béchu.
Nous vous proposons de reprendre certains points de cette controverse en examinant de plus près les principaux arguments utilisés contre le passage en centre ville:
"Le passage par la rue Thiers et la place Molière se fait en zone inondable et nécessite un remblaiement"
Oui, ces lieux figurent bien en zone inondable, ça ne fait aucun doute. Le remblaiement visant à créer une surélévation de la rue Thiers pourra éviter les inconvénients liés à une crue peu importante mais certainement pas la submersion des lignes du tram en cas de crue majeure comme en 1995. Mais considérons le tracé passant par les boulevards: les extrémités du pont franchissant la Maine et la portion initiale des boulevards sont aussi des zones inondables, et pas nécessairement en cas de crue historique. On ne découvre pas aujourd'hui que notre ville soit soumise à un risque récurrent de débordement de la Maine, et quel que soit le tracé choisi, une crue significative pourra entraîner l'interruption temporaire du trafic du tramway.
"La pente de la rue de la Roë en fait un obstacle infranchissable pour le tramway"
La ficelle est un peu grosse ! La rue de la Roë a une pente maximale d'environ 6% et les tramways sur rails peuvent franchir une pente de 9%. A Nantes, il existe déjà une courte portion de ligne plus pentue que la rue de la Roë.
"La portion de ligne unique rue de la Roë, nécessitant un passage en alternance, va occasionner des retards dans la circulation des rames"
Le parcours de la rue de la Roë par une rame dure environ une minute. Même aux heures de pointe, où les rames pourront se succéder toutes les trois minutes, ceci n'occasionnera pas de retard de circulation. Les simulations faites par le constructeur l'ont d'ailleurs bien démontré. Berlin possède déjà des portions de voie en ligne unique sans problème de fonctionnement.
"Il faut élargir le plateau piétonnier"
La zone piétonne en hypercentre ville est un attrait majeur pour l'agrément d'Angers. Mais ce plateau piétonnier souffre tout de même de l'énorme inconvénient de posséder en son centre une zone qui est un goulet d'étranglement pour la circulation tant des automobiles que des bus. Vous avez deviné il s'agit bien de la place du Ralliement. L'énorme avantage de faire passer le tramway en centre-ville est de permettre de transformer la Place du Ralliement en espace entièrement piétonnier, la zone piétonne s'étendant aussi alors à la rue de la Roë et à la rue d'Alsace, permettant de constituer un ensemble cohérent avec les rue Lenepveu et St Laud, piétonnières, elles aussi. Voilà une façon intelligente d'augmenter notablement l'espace piétonnier en obtenant un véritable hypercentre apaisé. De plus l'accès à cet hypercentre pour les automobilistes restera possible puisque le parking du Ralliement perdurera avec sa capacité actuelle, mais à partir d'une entrée située rue Saint Julien, et sortie rue Saint Maurille.
"Les travaux du tramway en hypercentre vont provoquer des faillites en cascade de commerçants présents sur le secteur"
A ce propos, il est utile de se souvenir des critiques virulentes qui avaient été émises lorsque la transformation en zone piétonne de la rue Lenepveu avait été proposée. On entendait alors que ce serait la mort du commerce dans cette zone !! Quand on voit ce qu'est devenue cette rue maintenant, on sourit à l'évocation de ces peurs injustifiées. Il est sûr que certains commerces peuvent souffrir temporairement d'une baisse de chiffre d'affaires pendant les travaux. Ces difficultés ne signifient pas la faillite pour autant. Une commission chargée d'indemniser les commerçants qui subiront un préjudice financier sera mise en place. Des craintes similaires sont nées dans d'autres villes avant la construction d'un tramway en centre ville. Prenons l'exemple d'Orléans: une commission d'indemnisation du même type que celle qui sera mise en place à Angers existait dans cette ville. Au terme des travaux, cette commission n'a reçu qu'un seul dossier à étudier !!! De plus, on sait bien que dans les villes ayant construit un tramway en centre ville, l'activité des commerçants à proximité du passage du tram s'accroît notablement après l'arrivée de ce mode de transport (+ 20% de chiffre d'affaire pour les commerces au Mans).
"Il faut un passage par les boulevards"
Dans cette hypothèse, deux voies de circulation (sur quatre actuellement) seront dédiées au passage du tramway. Chaque angevin connaît l'énorme densité du trafic automobile sur ces boulevards le soir aux heures de pointe et le temps nécessaire pour parcourir le trajet entre la Maine et le centre des Congrès. Que deviendra ce trafic et le temps de circulation lorsqu'il n'y aura plus que deux voies de circulation au lieu de quatre ? Pas besoin d'être mathématicien pour l'imaginer. De plus le changement de tracé nécessiterait une nouvelle enquête d'utilité publique, un nouveau processus de déclaration d'utilité publique et induirait des coûts importants, ne serait ce que du fait des pénalités de retard dues aux entreprises prestataires avec lesquelles l'agglomération est engagée par contrat. Et ce coût supplémentaire sera à la charge des angevins.
Enfin, faut-il encore le rappeler, le tracé par le centre ville a été adopté par les représentants des 31 communes de l'Agglomération. Le remettre en cause, c'est non seulement illogique pour les raisons évoquées ci-dessus, mais c'est de plus un véritable déni de démocratie.
PHILIPPE MARKOWICZ
Perspectives, par Bernadette Caillard-Humeau
Les questions auxquelles répond Philippe Markowicz pour le groupe démocrate d’Angers, partenaire de Jean-Claude Antonini dans la liste Angers en Avant, sont à la fois des questions que chacun peut se poser, - mais aussi des questions distillées par la liste adverse -. On y voit que derrière un apparent bon sens, elles révèlent que l’ensemble de la problématique n’a pas été appréhendé. Marko démontre qu’il s’agit de fausses-bonnes questions.
En fait, le débat sur ce kilomètre en centre-ville est toujours intéressant, mais à l’issue, on voit que, au pire, les avantages de l’un ou de l’autre s’équilibrent. Pour ma part, lors de la première présentation devant l’assemblée d’Angers-Loire-Métropole, j’avais été la seule à poser la question à Jean-Claude Antonini de savoir s’il avait été fait une étude comparative avec un passage Boulevard Carnot. A l’étude, si donc, au pire, tout s’équivaut, le choix qui a été fait est le bon. Changer le positionnement équivaut à deux ans de retard et certainement une augmentation de la facture, sans doute de près de 20 millions de d’Euros (= quatre écoles, quelques crèches, etc...).
Aussi je ne crois pas qu’il faille se focaliser longtemps sur ce kilomètre. Ce qui mérite une réflexion, c’est : une deuxième ligne ou non, un vrai développement du mode tramway à Angers ou non. Lorsque, au début de la campagne, Jean-Claude Antonini et moi avons présenté le projet de la deuxième ligne (Beaucouzé - Belle Beille - Monplaisir) et même de la possibilité d’une fourche pour Trélazé (pour desservir le stade Jean Bouin, les établissements scolaires et de santé, jusqu’aux Plaines), c’est parce que nous estimons qu’Angers et son agglomération ont le potentiel (humain et économique) pour l’avoir. C’est à la fois une question de cohérence – une seule ligne de tramway ne forme pas un réseau – et d’inscription d’Angers et de la région angevine dans une dynamique. Dynamique économique, écologique, sociale.
mercredi 5 mars 2008
Questions autour du tramway à Angers...
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